Romans graphiques & représentation

Les romans graphiques sont un excellent choix pour les personnes qui, comme moi, ont peu le temps de lire pour le plaisir (les joies d'étudier en histoire : on a pas le temps quoi que ce soit d'autre!). Et si en plus vous aimez lire pour élargir vos horizons, vous serez intéressés par les lectures que je vous suggère aujourd'hui. 

Ces deux romans graphiques mettent en scène des personnages qui sont généralement peu représentés dans la culture populaire. Selon moi, ils constituent d'excellents moyens pour développer sa sensibilité envers la diversité humaine et contribuent à créer un sentiment d'inclusion chez les personnes qui sont considérée différentes. 

La différence invisible de Julie Dachez (autrice) et Mademoiselle Caroline (illustratrice) raconte l'histoire de Marguerite, une jeune femme de 28 ans qui comprend qu'elle est atteinte du syndrome d'Asperger. En tant qu'autiste diagnostiquée tardivement, je m'identifie assez facilement au parcours de Marguerite et de son autrice Julie Dachez, elle-même autiste. Le roman/récit graphique est donc particulièrement réaliste, que ce soit concernant la vie sociale et le milieu de travail de Marguerite ou les particularités du processus diagnostic en France. C'est un ouvrage qui est surtout destiné aux personnes neurotypiques (c'est-à-dire, dans ce contexte, les personnes qui ne sont pas autistes), comme le prouve le petit guide à la fin du roman. Je le trouve donc plus utile aux personnes qui veulent en apprendre plus sur l'autisme qu'aux personnes autistes, bien que ces dernières puissent certainement apprécier le sentiment de se sentir moins seul qui se développe à la lecture. 

Dans Le prince et la couturière, de Jen Wang, le prince Sébastien, revêt des robes et court les nuits parisiennes sous l'identité de Lady Cristallia, avec l'aide de sa meilleure amie Frances, qui rêve de devenir une grande couturière. Ici, il n'y a aucun objectif éducatif explicite, c'est simplement une histoire romantique et réconfortante qui s'inscrit dans la lignée des films de Disney. Même l'imagerie décalée et l'ambiance un peu mélancolique y est. La différence de Sébastien/Cristallia est traitée comme étant un aspect parmi d'autre du personnage, mais est aussi comme l'un des moteurs de l'histoire.  L'autrice parvient donc à raconter le conte classique d'acceptation et d'affirmation de soi qu'on a mille fois vu dans les les livres et les films jeunesse, mais d'une manière à la fois soignée (dans le traitement du sujet) et parfaitement naturelle (dans le story telling). C'est une de mes lectures préférées de l'année 2018.

En plus, on y parle de couture ;-)

Bonne lecture!

Amélie